Mumia Abu-Jamal n’est plus condamné à mort
PHILADELPHIE — Mumia Abou-Jamal, l’ancien journaliste et Black Panther devenu le symbole mondial de la lutte contre la peine de mort, ne sera pas exécuté pour le meurtre d’un police à Philadelphie en 1981, a confirmé une cour fédérale d’appel américaine, et sa peine devrait être commuée automatiquement en prison à perpétuité. Les avocats du militant se sont réjouis de la confirmation de l’annulation de cette sentence, mais veulent que leur client, qui clame son innocence, bénéficie d’un nouveau procès.
La cour d’appel fédérale de Philadelphie a maintenu la condamnation d’Abu-Jamal, mais sa peine devrait être commuée en peine de réclusion à perpétuité, à moins que l’accusation ne se présente à nouveau devant un jury pour réclamer une nouvelle fois la peine capitale. Selon le procureur adjoint Hugh Burns, le Parquet réfléchit à cette éventualité.
Le principal avocat du militant noir, Robert R. Bryan, s’est réjoui que les juges fédéraux ne confirment pas la sentence de mort, mais ajouté qu’il voulait que la cour accorde un nouveau procès à son client et que son innocence soit reconnue. « Je n’ai jamais vu une affaire aussi parasitée par le racisme. Je veux un nouveau procès et je veux qu’il soit libre. Sa condamnation a été une parodie de justice ».
Mumia Abu-Jamal, 53 ans, journaliste-radio, est depuis un quart de siècle dans le couloir de la mort, et son sort a mobilisé depuis de longues années des cohortes d’artistes et militants des droits de l’homme qui considèrent qu’il a été victime d’un procès politique et raciste.
En 1982, il avait été condamné pour le meurtre du policier Daniel Faulkner, 25 ans, qui l’avait arrêté au cours d’un contrôle routier. La bataille juridique et médiatique dure depuis lors.
Abu-Jamal avait fait appel, au motif que les préjugés racistes du juge et des procureurs auraient joué sur sa condamnation par un jury majoritairement composé de blancs. Dans le même temps, le Parquet a fait appel d’une décision du juge fédéral datant de 2001 et accordant une nouvelle audience de sentence en raison des instructions fournies au jury à l’époque de sa condamnation.
Les juges ont estimé que ces instructions avaient laissé croire aux jurés qu’il devaient obtenir l’unanimité pour accorder des circonstances atténuantes à Mumia Abu-Jamal, circonstances qui auraient pu lui éviter la peine capitale. Mais en vertu de la loi, l’unanimité n’est pas requise sur les circonstances atténuantes.
La question de la récusation des jurés a été centrale également dans la discussion devant les juges d’appel. Dix blancs et deux noirs composaient ce jury. Le Parquet avait récusé dix noirs et cinq blancs des jurés potentiels, et accepté quatre noirs et 20 blancs, selon l’avocat Robert Bryan. Ce dernier a dénoncé une « culture de la discrimination » pratiquée par les procureurs.
Ces arguments ont cependant été rejetés par la cour d’appel, qui a aussi noté que Mumia Abu-Jamal n’avait pas avancé ces arguments avant de voir un appel rejeté en 1989.
Les écrits et discours que le militants aux longues tresses a rédigés depuis le couloir de la mort sur le système judiciaire américain ont fait de lui l’un des principaux symboles du combat pour l’abolition de la peine de mort.
Sur le Net:
Site de Libérez Mumia: http://www.mumia.org
Site de Daniel Faulkner: http://www.danielfaulkner.com