Un ministre roumain envisage l’achat d’un « morceau de désert » pour y envoyer les Roms
LE MONDE | 07.11.07 | 14h25 • Mis à jour le 07.11.07 | 14h25
BUCAREST CORRESPONDANT
Le premier ministre roumain Calin Tariceanu entame, mercredi 7 novembre, une visite de deux jours en Italie destinée à apaiser les tensions que la question de l’immigration a provoquées entre Rome et Bucarest.
Ce déplacement intervient alors que les deux pays tentent de d’arrêter les actes xénophobes visant des immigrés roumains en Italie après le meurtre d’une Italienne attribué à un jeune Roumain d’origine rom, et le décret-loi pris par le gouvernement Prodi afin de pouvoir procéder à des expulsions massives (Le Monde daté 4-5 novembre). « Nous ne voulons pas que ceux qui travaillent honnêtement soient victimes de l’action de la police italienne ou des préfectures », a déclaré M. Tariceanu avant son départ à Rome.
POLICIERS À DISPOSITION
Le gouvernement roumain a l’intention de mettre à disposition des autorités italiennes une trentaine de policiers, dont la mission est de freiner la criminalité de la communauté rom en Italie. M. Tariceanu a aussi annoncé l’envoi en urgence de dix magistrats dans les pays de l’Union européenne pour améliorer la coopération judiciaire et pour regagner la confiance de ses partenaires occidentaux.
Cette mission délicate est compliquée par les déclarations du ministre roumain des affaires étrangères, Adrian Cioroianu. Evoquant en direct à la télévision, le 2 novembre, le cas de la minorité rom, M. Cioroianu avait indiqué s’être interrogé, alors qu’il se trouvait au Caire, sur la possibilité d’acheter « un morceau du désert égyptien pour y mettre tous ceux qui nuisent à notre image ».
Des associations de défense des droits de l’homme se sont aussitôt solidarisées avec la minorité rom, et ont réclamé la démission du chef de la diplomatie roumaine, qui accompagne M. Tariceanu en Italie.
Mirel Bran
Article paru dans l’édition du 08.11.07.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-975523,0.html