Pour gens désireux de voir la musique évoluer… Autoproduit, virtuose, expérimental, faut aimer j’ai pas dis le contraire…
Contexte :
Cinquième album pour les Rx Bandits et premier essai en autoproduction totale puisque c’est MDB Records, label de Matt Embree (le chanteur/guitariste), et non plus à Drive-Thru Records, qui sort le disque en octobre 2006. Pour la seconde fois de son histoire le groupe enregistre en conditions live. C’est aussi la première fois que deux albums avec le même line up sont composés et mis en boîte par la bande d’Orange County. Après une prime jeunesse tout en ska punk popisant, puis une période de quête d’identité avec deux albums qui portaient bien leur nom : Halfway Between Here And There et Progress, les Rx Bandits ont enfin trouvé leur voie et font bien plus que confirmer après le formidable The Resignation (2003).
Chronique :
De l’aveu même de Matt Embree, l’emblématique frontman barbu, The Resignation peut être considéré comme le premier véritable album, le premier véritable accomplissement artistique du groupe, sa première réalisation en tant que formation musicale à part entière, l’album qui a concrétisé tout le talent de jam band à base punk rock, reggae et ska des Rx Bandits (« In Her Drawer »). Le point d’orgue d’une telle démarche étant évidemment les conditions d’enregistrement donnant tout son sens à la démarche, et toute leur puissance aux élucubrations rythmiques du groupe (Tsagakis est vraiment impressionnant, « Crushing Destroyer » par exemple)…
Après trois ans à participer à divers side projects electro, hip hop, punk, prog rock (qui se ressentent tous dans ce disque-ci), à négocier la fin de son contrat avec le trop directif et trop étiqueté label Drive-Thru, à tourner et à composer ; Rx Bandits revient dans les mêmes dispositions (un peu plus de cuivres cependant), avec les mêmes personnes et dans les mêmes conditions live studio.
Le ska punk du combo d’Orange County n’avait jamais été tout à fait celui des autres, sa vision de la musique non plus. Le chemin accompli par le sextet n’est donc pas si surprenant que ça. Au fil des années et des formations, les cuivres et les gimmicks ska avaient ainsi laissé place à plus de spontanéité, faux sentiment d’improvisation rock (« One Million Miles An Hour, Fast Alseep »), vagabondage musical maîtrisé avec une aisance bluffante. Aux codes mercantiles d’une industrie gangrenée et sans âme, à la musique vendue par cœurs de cibles, le groupe opposait plus de virtuosité et de personnalité. Plus d’humain dans la création, à l’image de paroles qui elles, avaient toujours été empreintes de conscience du monde et d’humanisme tout en sensitivité. Le tout porté ici par une voix hors du commun agrémentée de chœurs aussi parcimonieux que chiadés.
Les esprits chagrins auront depuis lâcher prise, le groupe devenant inaccessible à la simplicité, au fil des plans ciselés qui composaient sa musique. Exigeant et pop, paradoxal à la fois, Rx Bandits l’est sans doute, seul au mirador de sa propre ligne directrice, sinueuse certes, mais pas inaccessible (« Epoxi-Lips » et ses plus de six minutes n’en oublie pas pour autant d’être des plus efficaces). Du seul libre arbitre artistique comme assurance d’un avenir possible pour la musique alternative en somme…
Pour qui est sensible à cet état d’esprit, le disque et les émotions qu’il suscite commencent donc par un artwork superbe (peint pendant les sessions d’enregistrement par Aaron Nagel, ex-cuivres des Link 80), puis par un titre sans nom, canon du refrain de « 1980 » repris plus tard : canon de beauté où s’entrelacent les voix, comme le feront les guitares et les rythmiques sur la suite du disque… and the battle begun !
Bataille pacifique, au message positif, balançant d’un rock progressif et virevoltant à la fois, intelligemment cuivré et à l’inventivité sans précédent, au service d’un ton pop par nature, d’une virtuosité par talent jazz, d’un mélange des genres par vocation et d’une profonde musicalité… par évidence !
Si The Police, pour le ton si particulier de Matt Embree (« Only For The Night »), rencontrait The Mars Volta, pour l’envie de repousser les frontières (sans le côté prétentieux cependant), si la descendance revendiquée de Sublime de départissait de tout carcan (« Apparition »), héritage en tête et liberté dans les mains de musiciens aux multiples facettes, si Rocket From The Crypt sublimait son talent fusion rock, si Rx Bandits finalement se réinventait à chaque seconde, dans la lignée directe de The Resignation… Si on avait des albums comme celui-là chaque mois, bon sang !
A n’en pas douter le genre de disque de 50 minutes à la durée de vie bien supérieure dans nos esprits forcément touchés au fil des réécoutes attentives par tant de singularité profondément rock. On n’en dira pas plus…
PUNKACHU !
page groupe (bio, son, liens…) : http://www.punkfiction.propagande.org/Accueil_Groupe.php?id=212
(et heuresement !)