Cher H.,
Ce qu’il importe d’après nous et d’abord de rendre compte de l’inversion du réel qu’on peut, et je sais que nous partageons cette observation, voir au sein de ce milieu punk. Tu as bien, je pense, compris la volonté de rendre visible cette « caricature de la contestation aliénée étiquetée sous la marque punk « subversif » ». C’est justement de cela qu’il s’agit.
Nous pensons en effet que les représentations sociales du milieu sont largement autonomisés, en ce sens que les symboles de la subversion ne sont que des inversions <comprendre des fétiches idéologiques> qui ne se représentent qu’eux-mêmes, mais qui ne représentent plus la praxis du milieu.
C’est d’ailleurs à mon avis cette déliaison des représentations et de la pratique sociale concrète qui génère l’illusion de la subversion là où il n’y a qu’une mise en symboles de la contestation. Sans tomber dans l’empirisme socioloflic, il n’y a qu’à observer la « réaction » qui prend place lors des « évènements » qui tentent justement par intrusion d’une subjectivité radicale de dépasser l’évènement : on s’offusque d’un rappel mémoriel des dominations existantes. Et cette réaction renvoie finalement au spectaculaire intégré : la négation de la critique de l’existant reflète douloureusement son adhésion au confort des rapports de domination.
L’attachement à ce milieu, qui peut je te l’accorde apparaître paradoxal au regard de ce que nous avons toi et moi mis en avant, tient à un optimiste anarchiste. Passer du milieu, ou de ce que les socioflics aiment à appeler le « réseau », à la communauté intentionnelle est un possible pragmatique dans la perspective révolutionnaire. Les conditions matérielles sont ici réunis, ce qui manque, ce n’est même pas le peuple (comme le pensait ce con) mais la critique en acte. Sans faire de cette communauté un « sujet révolutionnaire » que le marxisme bureaucratique le plus mortifère pourrait nous reprocher, gardons en tête qu’il y a là l’éventualité d’un commun qui se dessine en opposition au capital, à sa culture, ses espaces, son économie et ses relations, non pas dans un conflit central mais latéral.
Bien sûr, le spectacle peut faire avec , mais l’expérience peut offrir un rapport au monde différent, qui peut dégager des potentialités instituantes. La différence réside justement dans l’expérience longitudinale de la vie plutôt que dans le sursaut éphémère de l’évènement. Sans présager du grand soir, on peut néanmoins envisager des lendemains émouvants mais difficiles, et c’est un déjà-là non négligeable.
Amicalement,