Dans la série, cette Amérique qu’on déteste…
Les sénateurs du Dakota versant sud, viennent de voter un nouveau projet de loi qui rend “illégal l’avortement, ne fait aucune exception, même pour une grossesse provoquée par viol ou inceste. Ce serait légal, seulement si - la seule exception - ça sauverait la vie de la femme enceinte.”
Pire : “les docteurs qui pratiquent des avortements pourraient risquer jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. La loi, qui a passé le sénat par un vote 23-12, doit repasser par la Maison des Représentants et arriver ensuite sur le bureau du gouverneur Mike Rounds.” Lequel ne fait pas mystère de son opposition à la pratique de l’avortement et de son soutien au projet de loi.
L’objectif des élus est de faire entendre leur cas à la Cour Suprême du pays. Ils visent le retournement de la jurisprudence en vigueur qui donne libre choix à la femme enceinte en la matière (cas Roe v. Wade de 1973). Cette initiative n’est pas innocente : les conservateurs intégristes souhaitent pousser leur avantage maintenant que George Bush a nommé 2 nouveaux juges à la cour Suprême, John G. Roberts Jr. et Samuel A. Alito. De fait, le rapport de force est théoriquement passé de leur côté, même si ces juges ont soigneusement évité de se prononcer sur cette question précise lors de leurs processus de nomination respectifs (John G. Roberts Jr. a seulement déclaré son attachement aux jurisprudences en place).
Les résultats des dernières élections présidentielles résonnent là de toute leur importance.
Même si certains commentateurs se montrent sceptiques quant à un éventuel retournement de cette jurisprudence (cf Newsweek, “Reality Check for ‘Roe’” et The Daily Nightly, “Why South Dakota won’t lead to Roe review” ). Le fait est que, dans le Sud Dakota, la situation est dores et déjà compliquée pour les femmes qui souhaitent se faire avorter :
Even without this latest ban, South Dakota was already one of the most difficult states in the country in which to get an abortion, those on both sides of the issue say. It is one of three states with only one abortion provider (Mississippi and North Dakota are the others), and its one clinic, the Planned Parenthood clinic in Sioux Falls, offers the procedure only once a week. Four doctors who fly in from Minnesota on a rotating basis perform the abortions, since no doctor in South Dakota will do so because of the heavy stigma attached.
About 800 abortions are performed each year in South Dakota, which has a population of 770,000 spread out over 77,000 square miles. Last year, South Dakota passed five laws to restrict abortions, including one that would compel doctors to tell women that they would be ending the life of a “whole, separate, unique human being.” That law has been blocked by a lawsuit filed by Planned Parenthood.
Même sans cette dernière interdiction, le Dakota du Sud était déjà un des états les plus difficiles dans lequel obtenir un avortement, indiquent les gens des deux côtés du problème. C’est un des trois états avec un seul fournisseur d’avortement (le Mississippi et Dakota du Nord sont les autres), et son unique clinique, la Planned Parenthood à Sioux Falls, réalise la procédure seulement une fois par semaine. Quatre médecins, qui voyagent depuis le Minnesota à tour de rôle, exécutent les avortements, puisqu’aucun docteur du Sud Dakota ne le ferait en raison du lourd climat attaché.
Environ 800 avortements sont exécutés chaque année au Dakota du Sud, qui a une population de 770 000, étendue sur plus de 77 000 milles carrés. L’année dernière, le Dakota du Sud a passé cinq lois pour limiter les avortements, y compris une qui contraindraient les médecins à dire aux femmes qu’elles mettraient fin à la vie “d’un être humain entier, séparé, unique.” Cette loi a été bloquée par une plainte déposée par Planned Parenthood.
C’est à se demander si les Etats-Unis ne vont pas finir par donner naissance à deux états indépendants, tant la dichotomie entre les “états rouge” à majorité conservatrice et les “états bleus” à majorité libérale (soit progressiste) s’affirme de plus en plus.
Les valeurs traditionnelles (rétrogrades ?) de la famille et de la religion font un vrai retour en force et leurs supporters se font de plus en plus entendre. Le Washington Post note ainsi que sur la question de la mise à disposition de la pilule du lendemain, la guerre résultante des lois et des décisions de justice dans les états crée une “une carte de disponibilité pour la pilule qui ressemble de plus en plus à la carte des états rouges et des états bleus dans les deux dernières élections présidentielles - avec un accès croissant dans les états bleus et de plus grandes restrictions dans les états rouges.” Sur cette question, l’organisme fédéral n’a pas réussi à légiférer sur l’obligation d’une prescription ou non pour la délivrance des pilules.
De fait, les états appliquent des politiques très diverses.
Certains exigent, par exemple, une notification parentale ou souhaitent autoriser les pharmaciens à ne pas fournir la pilule, même en cas de présentation d’une prescription en bonne et due forme (le géant Wal-Mart vient d’être condamné et contraint de distribuer la pilule dans ses pharmacies - intégrées à ses hypermarchés - au Massachusetts).
Bref, si vous souhaitez vous expatrier, vous savez qu’il vous faut soigneusement choisir votre point de chute américain. Etat bleu, vous vous devez de choisir…